Bulletin N° 15

Octobre 2006

MOT DU PRESIDENT

Nous reprenons pour ce bulletin le texte de l'intervention prononcée par Jacques Mignard lors de la cérémonie du 21 septembre 2006

Nous voila réunis à nouveau à l'occasion du cinquième anniversaire de la catastrophe du 21 septembre.

Aujourd'hui nous nous retrouvons dans une configuration provisoire mais sur la parcelle qui sera celle du futur mémorial de l'usine. Dans le cadre d'un site qui se consacrera à une activité tournée vers la santé et donc vers l'avenir, deux bâtiments qui hébergeront notre association et quelques pièces symboliques permettront aux toulousains de se souvenir de ce qu'a été une activité industrielle dont la ville a bénéficié pendant plusieurs décennies. La stèle du 21 septembre sera là pour rappeler ce qui s'est passé il y a cinq ans. C'est ici que nous nous retrouverons aussi longtemps que nous le pourrons pour évoquer cette sinistre journée de septembre qui nous a enlevé plusieurs collègues ou amis et qui a scellé définitivement le sort de notre usine. Ceux qui par centaines les ont distinctement entendues, se souviendront longtemps des deux explosions qui ont précédé puis vraisemblablement provoqué le drame.

Mais, si le temps est passé, nous n'avons rien oublié. Fidèles à leur souvenir, face à une stèle qui porte leur nom, nous devons à nos anciens collègues le devoir de vérité que, dans la difficulté et parfois l'adversité, nous menons depuis de nombreux mois. C'est par fidélité à leur mémoire qu'aujourd'hui certaines choses doivent être dites.

Les salariés de l'usine ont vu leurs problèmes d'emploi réglés. Ils ont eu à affronter les aléas de la vie et, cinq ans après, le bilan est dans l'ensemble satisfaisant. Mais nous n'oublions pas non plus ceux qui partageaient souvent notre travail et ceux qui autour du site trouvaient parallèlement à notre activité un emploi qu'il a fallu préserver. Pour eux les problèmes ont été aussi nombreux et souvent plus difficiles encore à résoudre.

Ces douze derniers mois ont vu un des derniers collègues mis en examen bénéficier d'un non lieu. On peut s'étonner qu'il ait fallu autant de temps pour mettre hors de cause Gilles dont la compétence et l'esprit de responsabilité étaient reconnus et appréciés de tous. Réjouissons nous cependant que 12 de nos 13 collègues, abusivement montrés du doigt, soient épargnés par une suspicion que nous savions infondée. Exigeons que, face à l'évidence, ce soit la totalité du personnel qui soit réhabilité dans une considération que certains leur contestent sur la base d'accusations sans preuves ou pour des raisons que l'on peut deviner. La justice ne peut s'accommoder de mises en cause de circonstances pour expliquer l'inexplicable ni même ce que l'on refuse d'expliquer..

Cinq ans après la catastrophe, nous nous retrouvons aussi face aux mêmes interrogations quant aux explications concernant son origine. Notre exigence de vérité se heurte à une tentative d'imposer des hypothèses le plus souvent contestables et qui curieusement débouchent sur des responsabilités fixées dans la précipitation et l'ignorance quelques heures seulement après le drame. Ni les travaux par ailleurs contestables de certains experts, ni leurs affirmations qui se veulent péremptoires, pas plus que des accusations formulées sans preuves ne nous détourneront de l'objectif que nous nous sommes fixés, celui de connaître les raisons exactes sur l'origine de l'explosion du 21 septembre. Il s'agit d'une vérité que nous devons aussi à ceux qui ne sont plus là et qui aujourd'hui nous rassemblent. Cet objectif nous sommes décidés à tout faire pour l'atteindre.

Enfin, nous voila rassemblés toujours nombreux avec en pensée ce qu'ont eu a souffrir, toutes les victimes de la catastrophe. En s'appuyant sur une campagne parfois haineuse à notre égard de certains médias locaux, des responsables d'associations qui ont cru bon de s'auto-proclamer porte paroles de sinistrés qui ne leur avaient rien demandé nous ont montré du doigt. Certains même continuent à le faire. Aussi je constate qu'aujourd'hui de nombreux amis nous ont rejoints. Ils apportent une preuve supplémentaire d'une solidarité qui ne nous a jamais fait défaut parmi la population toulousaine.

Merci à vous d'être aujourd'hui parmi nous. Merci à tous.

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