Bulletins
Bulletin N° 11
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21 SEPTEMBRE 2001 / 21 SEPTEMBRE 2005

 

TEXTE LU PAR J. MIGNARD LORS DE
LA CEREMONIE DE COMMEMORATION DU 21 / 09/ 05
 

En ce quatrième anniversaire de la tragique disparition de nos camarades de travail, l'émotion nous étreint à nouveau… Nous les revoyons à leur poste… Nous revoyons leurs visages… Puis quelques instants plus tard leurs corps sans vie au milieu des gravats… Nous revoyons les nombreux blessés, couverts de sang, hébétés… Nous revoyons la partie nord de notre usine ravagée… Nous pensons à eux, à leurs familles et bien sûr aussi aux victimes extérieures frappées par la mort, aux blessés, aux innombrables traumatisés, aux anciens collègues qui ont dû rechercher un nouveau travail et dont certains sont aujourd'hui parmi nous.

 

Et puis nous réalisons que cela fait 4 ans…, 4 ans que nous attendons que l'on nous fournisse une explication crédible à la catastrophe ! 4 années durant lesquelles nous ne pouvons oublier que l'on a jeté l'opprobre sur les salariés, sur nous, notre travail, notre vigilance, notre sérieux. Certains d'entre nous ont même été un temps considérés comme responsables. Trois d'entre eux le sont encore.

Alors c'est la colère qui nous gagne, une colère légitime que nous sommes de plus en plus nombreux à éprouver et qui nous conduit à poser certaines questions :

Comment accepter que l'enquête sur la plus grande catastrophe industrielle en France depuis un demi-siècle, en soit, quatre ans après, toujours au point zéro ?

Pourquoi trois collègues restent-ils encore mis en examen alors que leur responsabilité est, sans preuves, avancée ?

Pourquoi certaines pistes extérieures à l'usine sont systématiquement ignorées par ceux qui sont chargés de mener l'enquête ?

Pourquoi a-t-il fallu que ce soit les salariés eux-mêmes qui, avec l'aide de simples citoyens, apportent à la justice des témoignages fondamentaux qui dans un premier temps avaient été on ne sait pourquoi refusés ?

En dépit des gesticulations de ceux qui après avoir tout fait pour la fermeture de l'usine s'emploient à les entraver, les projets de réaménagement du site, aujourd'hui, prennent forme. Cette fois, la raison semble pouvoir se faire entendre. Avec nostalgie mais réalisme nous nous réjouissons des prochaines réalisations concernant ces projets d'avenir.

Pourtant nous n'accepterons pas que la page soit tournée sans obtenir les explications qui nous sont dues.

Nous ne tolérerons pas que l'on occulte la recherche de la Vérité !

Nous n'accepterons pas que l'on tourne la page de ce 21 septembre, sans "savoir" !

Nous ne laisserons pas spéculer sur l'oubli !

Nous dénoncerons tout ce qui ne serait qu'une officialisation des mensonges et des manipulations qui entachent ce dossier !

Nous n'accepterons pas qu'une explication sans preuve vienne clôturer une instruction qui aux yeux de certains n'a que trop duré.

Aujourd'hui, nous voila rassemblés une fois encore, la dernière sans doute, au cœur de l'emplacement qui fut celui de notre usine. L'année prochaine nous nous retrouverons non loin d'ici sur le terrain que l'on nous a affecté, dans un environnement qui aura repris vie.

Espérons simplement qu'alors, à l'heure du recueillement et du souvenir, pour la mémoire de toutes les victimes, pour le respect que l'on doit à leurs familles on aura su enfin répondre à notre légitime exigence de justice et de vérité.

 

 
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